Choses lues vues vécues-23-Années 30

Publié le 5 Mars 2017

Reprise dans le « Talant Magazine », n°73, mars 2017, dans l’édito du maire, cette réflexion :

« Ce que nous vivons aujourd’hui ressemble tellement aux années 30 que j’en suis effrayée ! »

(Michèle Agniel, ancienne déportée, in Le déporté-n°570-Janvier février 2012).

Née Michèle Moët et déportée sous cette identité avec sa mère depuis Paris le 15 août 1944 à destination de Ravensbrück , transférée à Torgau , libérée par les Russes à Königsberg le 2 février 1945.

Son père Gérard Moët déporté le même jour est mort le 6 mars 1945 à Weimar Buchenwald.

Sa famille a commencé à résister dès le discours du maréchal Pétain du 17 juin 1940. Elle se souvient des tracts appelant à résister, des pilotes anglais ou américains cachés chez ses parents, et de ses premières missions au sein du réseau d'évasion Bourgogne.

Arrestation par la Milice le 18 avril 1944 avec ses parents en laissant sur place son jeune frère de 12 ans.

Elle échappera miraculeusement avec sa mère (Geneviève Moët) à la marche de la mort et retrouvera la France le 11 juin 1945 et épousera M. Agniel, devenant ainsi Michèle Agniel-Moët.

La citation exacte (et complète) :

Je dois vous avouer que ce que nous vivons depuis quelques années en matière économique, ça ressemble tellement aux années trente que j’en suis effrayée ! Nos valeurs existent-elles encore ? Quelquefois, j’en doute, je ne sais plus... Les gens ne savent plus à quoi se rattacher. Moi, j’aimerais bien communiquer aux très jeunes autre chose que des valeurs matérielles. Ce qui me choque le plus, c’est l’égoïsme des gens. Ca fait cinq ans maintenant que je vis dans ce petit appartement de Vincennes, et bien je constate que peu de gens se côtoient dans cet immeuble. Chacun se concentre sur ses problèmes personnels, et ils ne manquent pas ! Un jour, j’ai fait une chute dans la rue eh! bien personne ne m’a aidée à me relever. Ce que je constate dans le métro, c’est que ce sont très souvent des petits noirs qui me laissent leur place assise. Je pense qu’ils ont conservé ce côté ancestral qui leur fait beaucoup respecter les personnes âgées. Normalement, je suis très optimiste mais là, on est dans un creux. Automatiquement, on va remonter, du moins je me le dis, mais quand allons-nous réagir ? Je ne sais pas...

Crise économique, seulement ? Crise morale certainement. Et, donc crise politique.

Comment ça finira?

L'histoire ne se répète pas, dit-on.

Rédigé par Jean-Paul Ancier

Publié dans #Choses lues vues vécues

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